Numa Gagey a rejoint le Centre Émile Durkheim. Il a débuté une thèse en science politique sous la direction d'Anthony Amicelle et Andy Smith.
Numa Gagey
Doctorant en science politique
Pouvez-vous présenter en quelques mots ?
Je m'appelle Numa Gagey et suis en première année de doctorat au Centre Émile Durkheim. Ma thèse, pour l'instant intitulée "Enquêter sur les élites délinquantes. Journalisme d'investigation transnational et réaction sociale en France et au Canada", est encadrée par Anthony Amicelle et Andy Smith. Je fais par ailleurs partie d'un projet de recherche, dirigé par Anthony Amicelle, portant sur les nouvelles dynamiques de surveillance de la délinquance économique et financière en France et au Canada, au prisme de deux aspects que sont la vigilance citoyenne et la surveillance algorithmique.
Quel est votre parcours ? Qu'avez-vous fait avant de vous lancer dans la recherche ?
Après l'obtention du baccalauréat, j'ai d'abord effectué une licence de sciences sociales à l'université Paris Nanterre. J'ai réalisé en dernière année un pré-mémoire portant sur les conditions d'enfermement des retenus en Centre de rétention administrative (CRA), qui constituait donc une première expérience de recherche. J'ai ensuite intégré l'ENS Paris Saclay en master de sociologie contemporaine, durant lequel j'ai effectué deux mémoires qui m'ont permis de développer un intérêt prononcé pour les thématiques que je traite actuellement dans la thèse. L'un portait sur la dénonciation de l'évasion fiscale par les ONG de la "Plateforme Paradis Fiscaux et Judiciaires", le second sur le datajournalisme. Après ces cinq années d'études et un concours de l'EDSP2 ardu, j'ai pu obtenir un contrat doctoral.
Pouvez-vous nous parler du sujet de votre thèse ?
L'objectif de ma thèse est de comprendre comment et dans quelles mesures les enquêtes journalistiques menées à l'échelle transnationale aboutissent à des sanctions judiciaires et administratives en France et au Canada. Ces dernières années, de nombreux scandales ont mis au jour les pratiques transgressives d'élites de pays du monde entier (Panama Papers, LuxLeaks, Malta Files...). Certains d'entre eux ont suscité une réaction institutionnelle de la part des autorités étatiques, celles-ci s'étant saisies des révélations médiatiques pour enquêter et sanctionner les individus mis en cause, ce qui est le cas en France et au Canada. Je cherche à savoir comment s'opère concrètement ce changement d'échelle, de l'enquête transnationale menée par des journalistes d'investigation à la réaction nationale des acteurs étatiques canadiens et français (agents de l'administration fiscale, magistrats, forces de police, etc.), car il témoigne du rôle important que jouent les scandales contemporains dans la lutte contre les illégalismes économiques et financiers. Pour le terrain, je m'appuie sur une méthode mixte articulant entretiens semi-directifs, observations ethnographiques et analyses statistiques.