Tristan Velardo
Professeur agrégé de sciences économiques et sociales, Docteur en sciences économiques et chercheur au Centre Émile Durkheim
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je suis professeur agrégé de sciences économiques et sociales, docteur en sciences économiques et chercheur au Centre Émile Durkheim.
Quel est ton parcours et comment es-tu devenu enseignant-chercheur ?
Ma rencontre avec l’économie est assez tardive. J’ai commencé mes études supérieures par une Hypokhâgne en classe préparatoire littéraire, puis j’ai intégré Sciences Po Lille. Durant mes études, mon intérêt était surtout centré sur la philosophie politique. J’ai fait un Master de recherche « Philosophie, Politique et Économie » au cours duquel j’ai rédigé un mémoire sur la pensée du philosophe anarchiste Georges Palante. Cette année a confirmé mon goût pour l’histoire des idées, la confrontation avec les textes et mon appétence théorique. Mes professeurs à l’IEP de Lille m’ont encouragé à passer l’agrégation de sciences économiques et sociales, à laquelle j’ai été reçu en 2017. C’est au cours de cette année de préparation que je me suis converti aux sciences économiques de manière définitive. L’économie a exercé et continue d’exercer sur moi un attrait et une fascination particulière de par sa capacité à expliquer beaucoup de choses avec peu d’hypothèses et peu d’outils. Aussitôt l’agrégation en poche, j’ai enseigné en Lycée pendant trois ans et je préparais ma thèse de Doctorat en parallèle. Après deux années en tant qu’ATER à Sciences Po Lille, j’ai intégré l’équipe enseignante de Sciences Po Bordeaux en tant que professeur agrégé.
Quels sont tes objets de recherche ? Sur quoi travailles-tu ?
Mes recherches se situent dans une double approche en histoire de la pensée économique et en philosophie économique. L’histoire de la pensée économique consiste à se confronter aux textes et aux discours de ce qui a trait à l’économie pour en proposer une reconstruction et éventuellement une déconstruction. C’est une manière de se confronter au pluralisme de notre discipline, d’en soulever les controverses, les points de rupture mais aussi les points de cristallisation. La philosophie économique, telle que je la pratique, est une méthode d’interprétation des textes économiques qui visent à en montrer les implications philosophiques plus ou moins consciemment véhiculés par les théories économiques. Il s’agit d’une entreprise de dévoilement et de clarification des soubassements philosophiques des théories économiques. Ainsi, on voit bien que la philosophie économique ne vas pas sans une perspective historique sur l’histoire de notre discipline. Ma thèse propose ainsi une reconstruction de la théorie générale du capitalisme présent dans les écrits de Joseph Schumpeter pour en proposer une déconstruction en philosophie économique en démontrant ses soubassements philosophiques de type nietzschéens et darwinistes.
De manière plus générale, j’étudie les différentes théories du capitalisme entendu comme un processus totalisant et englobant une dimension économique, sociale et culturelle à travers des auteurs comme Schumpeter bien entendu, mais aussi Karl Marx, Max Weber, Werner Sombart.
Un volet important de mes recherches porte sur l’innovation et l’entrepreneur et notamment leur liens avec le finance et la banque. J’étudie en ce moment l’influence méconnue de l’économie sociale et appliquée de Léon Walras sur la théorie de la banque chez Schumpeter.
Plus récemment, j’étudie les rapports entre l’économie et les autres sciences sociales. Je suis, par exemple, en train d’étudier l’influence de l’anthropologie française, notamment à travers la figure de Lucien Lévy-Bruhl, sur la science économique.
Peux-tu nous parler de ton quotidien d’enseignant-chercheur ?
Comme beaucoup de mes collègues, j’alterne en des moments d’enseignement et de recherche, en essayant, autant que faire se peut, de lier l’un et l’autre. À titre personnel, ma semaine est « coupée » en deux : trois jours d’enseignement et deux jours de recherche, plus les petits extras les week-ends ! Mon matériau d’étude étant les textes, je passe le plus clair de mon temps au contact des auteurs, à lire et à dénicher de nouvelles choses. En somme, je ressemble fort à un rat de bibliothèque !
Mes recherches se situent dans une double approche en histoire de la pensée économique et en philosophie économique.
Quels sont tes projets pour l’avenir ?
Pas mal de projets de recherche en cours ! Bien entendu, des articles scientifiques en cours de rédaction à des stades plus ou moins avancés, des projets de traduction de textes inédits de Schumpeter. Je suis également organisateur d’un important colloque interdisciplinaire qui se tiendra à Sciences Po Bordeaux en 2024.
Et en dehors de la recherche ?
Mon goût pour la lecture déborde largement la science économique : je suis un lecteur vorace et j’aimerais me dégager davantage de temps pour la littérature. Je profite des vacances pour me rattraper. En revanche, je suis un gros consommateur de cinéma et je sais que j’y passe trop de temps ! Enfin, je ne dis pas non à une petite pinte de temps en temps surtout s’il s’agit d’une trappiste...
Propos recueillis le 15 décembre 2022.
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