Andy Smith

Rencontre avec Andy Smith directeur de recherche FNSP en science politique au Centre Emile Durkheim | Sciences Po Bordeaux.

Andy Smith

directeur de recherche FNSP

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je suis un politiste qui, depuis 1996, est employé en tant que chercheur par la Fondation Nationale des Sciences Politiques (FNSP). Depuis lors, je suis en poste à Sciences Po Bordeaux où j’enseigne, j’encadre des doctorant·es et j’ai des responsabilités administratives. Par ailleurs, je suis directeur-adjoint de l’Ecole doctorale Société, politique, santé publique (ESDP2) de l’Université de Bordeaux.

Quel est ton parcours et comment es-tu devenu chercheur ?

Paradoxalement, alors que ma socialisation primaire a été fondamentalement anglaise, jusqu’à l’âge de 15 ans j’ai vécu dans des pays lointains : le Nigéria, les Iles Fidji et la Nouvelle Zélande. J’ai obtenu une licence en science politique de l’Université d’Exeter avant de passer six ans loin de l’académie en travaillant pour des organisations diverses (notamment un syndicat agricole et une entreprise de transit maritime à Londres, puis un centre de langues à Paris). A 27 ans, j’ai repris mes études « en DEA » à Sciences Po Grenoble, puis j’ai obtenu une allocation de recherche pour faire une thèse. J’ai eu la grande chance de la faire au sein d’un laboratoire dynamique et accueillant - le CERAT (devenu aujourd’hui une partie de PACTE) – où j’ai bénéficié des conseils et de l’inspiration fournie en particulier par Pierre Muller, Edith Brénac, Alain Faure et Bruno Jobert. A l’issue de ma thèse et d’un passage finalement court au sein d’un bureau d’études à Lyon, et à ma grande surprise parce qu’à l’époque je n’avais aucun lien avec Science Po Bordeaux, j’y ai été recruté comme chargé de recherche. 

Peux-tu nous parler de tes recherches ?

Rétrospectivement, j’ai essentiellement réalisé trois grands programmes de recherche. En le débutant par mon mémoire de DEA, le premier interrogeait les relations entre l’Union européenne (l’UE), l’État et les collectivités locales autour des politiques de développement territorialisé en France, au Royaume-Uni et en Espagne. Le deuxième était centré sur le gouvernement de l’UE, notamment au travers d’enquêtes sur les commissaires et le Conseil des ministres européens. Construit initialement avec des économistes, le troisième programme de recherche a consisté à développer une économie politique à même d’analyser le gouvernement des industries de l’agriculture, du vin, de la défense et des médicaments. Aujourd’hui, j’approfondis et je renouvelle ce dernier programme en enquêtant sur l’arrivée de l’intelligence artificielle dans le secteur de la santé (avec Olivier Cousin du CED), puis en étudiant les causes et les conséquences du non-achèvement du marché unique, tout en étudiant son équivalent états-unien (avec une équipe dirigée par Craig Parsons de l’Université d’Oregon). Enfin, avec Daniel Compagnon (également du CED) et une autre équipe de collègues, depuis deux ans j’inaugure un quatrième, et sans doute dernier, programme de recherche consacré à la lutte contre le changement climatique mené par des acteurs locaux et régionaux néo-aquitains et occitans.  

Peux-tu nous parler de ton quotidien de chercheur et des activités administratives associées ?

Mener de front trois projets de recherche en même temps est sans doute sous-optimal. Mais j’essaie de respecter mes propres engagements en organisant mes journées de manière à ne pas ralentir le travail des équipes concernées. Idéalement, le matin je concentre mes activités d’analyse et de rédaction puis, chaque après-midi, j’effectue des tâches d’enquête empirique, d’administration, d’enseignement et d’encadrement. Toutefois, en raison de mes responsabilités administratives et les réunions qui vont avec, durant l’année universitaire, mon quotidien est rarement aussi bien structuré que cela ! Par ailleurs, je suis également co-rédacteur en chef de la revue Gouvernement et action publique – un rôle qui implique d’être aussi réactif que possible par rapport aux soumissions et aux évaluations qui m’arrivent à tout moment. Bref, sauf pendant les quelques semaines de répit autour ou pendant les vacances universitaires, et après une période où je regrette inutilement l’autonomie dont j’ai pu bénéficier en début de carrière, je me suis reconcilié avec l’idée que mes journées de travail sont structurées par des courts moments de « recherche concentrée », entrecoupés par une pléthore d’activités annexes plus ou moins bénéfiques pour mon propre travail.      

Quels sont tes projets pour l’avenir ?

J’aurai 60 ans cet été donc je songe sérieusement à la meilleure manière de clôturer le gros chapitre « travail » de ma vie. Au cours des deux années à venir j’espère bien terminer et valoriser les projets en cours précités. D’autres sur le changement climatique suivront. Là où j’hésite encore c’est savoir si je vais également tenter d’écrire un ouvrage de synthèse sur l’Angleterre en français, un livre « jumeau » à Made in France que j’ai publié en 2021. Parfois, et notamment quand je croise des bêtises écrites en France sur la vie politique anglaise, ce projet m’inspire encore. Mais de plus en plus, comme dirait ma fille de 12 ans, j’ai un peu la flemme…

Et en dehors de la recherche ?

Mes grandes passions sont le cricket et la randonnée. Concernant la première passion, je le joue encore dans le Médoc, pour le club de Bordeaux-Giscours, essentiellement contre les équipes anglaises qui viennent effectuer des tournées des clubs dans notre région. Par ailleurs, depuis 1975, je suis avidement les hauts et les bas des exploits de l’équipe nationale de l’Angleterre. Quant à la randonnée, j’en fais dès que j’arrive à créer l’occasion, plutôt dans la région mais aussi dans le nord de l’Espagne et en Angleterre.


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Propos recueillis le 9 mai 2023

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Publié le 25 mai 2023
Dernière modification le 25 mai 2023