Morgan Lans

Chercheur contractuel Chercheur·ses associé·es Université de Bordeaux
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Site géographique 3 ter place de la Victoire,

Département de sociologie

33 000 Bordeaux
06 98 98 54 08

Thèmes de recherche

  • Rapport aux populations étrangères
  • Sociologie de l'immigration
  • Champ de l'antiracisme
  • Associations; Économie Sociale et solidaire
  • État / Nation / État-Nation
  • Régimes et configuration des systèmes de protection sociale
  • Méthodes comparatives
  • France / Espagne / Danemark

Axe(s) de recherche

Atelier(s)

Atelier Méthodes

Recherche en cours

Le champ de l’antiracisme en tension : des conflits internes aux cadrages idéologiques. Les associations de luttes contre les discriminations liées à l’origine dans la France du début du XXI ème siècle.

Les divergences au sein de l’antiracisme français ne sont pas nouvelles. Dans l’entre-deux-guerres, des distinctions étaient déjà présentes entre les associations se revendiquant des approches républicaines, comme la Ligue internationale contre l’antisémitisme ou la Ligue de la défense des droits de l’homme, et celles s’appuyant sur une lecture anticoloniale, telles que l’Étoile nord-africaine ou la Ligue de Défense de la Race nègre. Ces dissensions ont perduré après la Seconde Guerre mondiale, notamment autour du rapport avec la résistance et le parti communiste, puis avec les guerres de décolonisation, contribuant à l’émergence d’associations tiers-mondistes telles que l’Asti, le GISTI et le MRAP, etc. À partir des années 1980, sous l’impulsion de l’association SOS racisme, certaines associations ont contesté les approches politiques de transformation des rapports sociaux et des pratiques étatiques au sein de l’antiracisme. Elles ont préféré s’allier avec les pouvoirs publics pour atteindre leurs objectifs, donnant naissance à de nouvelles conceptions individualistes, morales et culpabilisantes de l’antiracisme. Cette transformation a conduit à une dépolitisation progressive des luttes contre les discriminations raciales, avec une hégémonie des conceptions républicaines et intégrationnistes.
Depuis le début des années 2000, de nouvelles associations telles que le Parti des Indigènes de la République, le Conseil Représentatif des Associations Noires de France, la Brigade Anti-Négrophobie, et les collectifs issus des quartiers populaires se sont formées. Elles s’inscrivent dans un antiracisme critique, dénonçant le caractère structurel, systémique et postcolonial du racisme, ainsi que le rôle des autorités publiques, en particulier de la police. Ces associations cherchent à éviter la récupération politicienne, défendent leur autonomie d’action et luttent pour la reconnaissance des quartiers et des minorités. Les polarisations actuelles au sein du paysage associatif antiraciste résultent ainsi de dynamiques historiques et organisationnelles profondes, liées notamment à des conceptions du racisme (structurelles/individuelles), du sujet légitime de la lutte antiraciste (le tiers antiraciste/le racisé) et du rapport aux autorités (autonomie/partenariat). Cependant, le contexte politico-idéologique actuel est peu favorable à la rhétorique antiraciste, avec une montée de la droite radicale et de l’extrême-droite dans les démocraties européennes, y compris en France.
En France, des mesures récentes telles que la loi séparatisme, la mise en place du Contrat d’engagement républicain pour les associations demandant des subventions, ainsi que les menaces de dissolution à l’encontre de certaines organisations, limitent l’intervention de l’antiracisme dans l’espace public et son rôle de contre-pouvoir démocratique. Des associations ont subi des pressions financières et matérielles, compromettant leur capacité d’expression. Le discrédit symbolique s’exprime à travers des termes tels que « communautarisme », « islamo-gauchisme », « séparatisme » et « ennemi de la République ». La situation est complexe et nécessite une analyse approfondie des acteurs de la lutte antiraciste, prenant en compte les dynamiques internes et externes. Cette analyse doit explorer les objectifs, les valeurs, les répertoires d’action, les critiques sociales et les rapports avec le militantisme, les mouvements sociaux et les autorités publiques. Une typologie des associations peut être établie en tenant compte de ces éléments, tout en prenant en considération la diversité des acteurs et des contextes locaux. Une méthodologie comprenant des entretiens approfondis, des discussions collectives et une restitution des résultats aux parties concernées serait appropriée pour une étude exhaustive de ce paysage complexe de la lutte antiraciste en France.

Les dynamiques de l’intégration : Associations d’aide aux migrants et sociétés au cœur des espaces français, espagnol et danois.

Cette thèse traite de la façon dont se conçoivent les modalités d’intégration des émigrés/immigrés et le rapport légitime qui se déploient à leur égard dans les espaces français, espagnol et danois. Alors que les recherches classiques se sont concentrées sur les « pensées d’État » pour saisir les manières de faire et d’imaginer ces processus, nous avons mené une enquête qualitative, comparée et approfondie auprès d’une dizaine d’associations d’aide aux migrants, agissant dans des contextes locaux (Bordeaux, Bilbao et Aarhus), afin d’analyser les dynamiques sociétales qui les structurent.

À Bordeaux, les associations s’inscrivent dans la continuité d’une logique civique des modalités d’intégration étatique en mettant l’accent sur la question du droit et en défendant la figure de l’individu-citoyen. L’examen de leurs activités montre qu’elles sont les derniers bastions d’un idéal républicain, dans la mesure où elles considèrent que l’État n’est plus en accord avec les valeurs qu’il prône et les réalités multiculturelles auxquelles il répond. En ce sens, les associations françaises refusent les démarches assimilationnistes pour revendiquer l’émergence d’un interculturalisme républicain. À Bilbao, les acteurs associatifs sont les principaux garants du soutien aux étrangers. Ils interviennent au même titre qu’ils le font auprès des plus exclus de la société basque, selon une logique intégrale reconnaissante de l’entièreté, ainsi que de la particularité, de chaque personne et ses problèmes. D’une manière générale, leurs activités sont pensées dans un cadre local et de façon pragmatique. Dans une logique de coopération-conflictuelle avec les autorités publiques, elles défendent par ailleurs l’idéal d’une société interculturelle reconnaissante de son pluralisme inhérent. À Aarhus, les associations agissent dans la continuité d’un imaginaire ethnique de la citoyenneté étatique, tout en défendant des postures universalistes. Elles estiment ainsi qu’il importe de maintenir les fondements d’une spécificité danoise. Dans une logique de coopération avec les pouvoirs publics, elles cherchent donc à la diffuser auprès des nouveaux arrivants. Toutefois, elles résistent sur le terrain à la logique d’exclusion promue par l’État, en mettant en œuvre un accueil bienveillant, considérant en dernière instance les étrangers comme des Danois à en devenir.

Nos résultats montrent que les dynamiques d’intégration résultent de la façon d’agir, de penser, de ressentir, ainsi que de s’organiser, d’acteurs encastrés dans des configurations sociohistoriques cohérentes, animées par des logiques de stratifications spatiales, de protection sociale, ainsi que de cultures civico-politiques, productrices d’interdépendances sectorielles particulières. Elles ne se limitent donc pas à des « pensées d’État ». Par conséquent, les comparaisons portant sur la fabrique des modalités d’intégration, doivent prendre en compte la force déterminante des cohérences sociétales qui produisent, à partir de ce qu’elles sont, certaines régularités dans le rapport aux « autres ». Il serait pertinent de multiplier les lieux d’enquête afin d’affiner nos connaissances sur les mécanismes que nous avons mis en avant dans ce travail. Par ailleurs, il conviendrait d’étudier de manière plus approfondie les relations entre associations d’aide aux migrants et autorités publiques, en nous positionnant de façon plus systématique du côté de ces dernières. Enfin, une analyse détaillée et comparée des logiques intra-organisationnelles, interindividuelles ainsi que cognitives du rapport aux étrangers, préciserait nos connaissances des dynamiques de l’intégration.

Responsabilités scientifiques et institutionnelles

  • Fellow de l'Institut Convergence Migration. Responsable du "Groupe Comparaison" de l'ICM
  • Membre du projet Causimmi
  • Membre du projet LocalACC
  • Chargé de recherche avec la Fondation de France

Enseignement

  • Villes et Immigrations CM/TD Master de sociologie [2ème année]
  • Les modalités d’intégration des étrangers : perspectives comparées CM Licence de sociologie [3ème année]
  • Associations et Immigrations CM Licence de sociologie [3ème année]
  • Sociologie(s) des associations CM Licence de sociologie [2ème et 3ème années]
  • Travail d’étude et de recherche (suivi de mémoire) Licence de sociologie [3ème année]
  • Enquête collective (méthode qualitative et quantitative) TD Licence de sociologie [2ème année]
  • Méthodes qualitatives en sociologie TD Licence de sociologie [3ème année]
  • Méthode quantitative en sociologie TD Licence de sociologie [1er année]
  • Techniques d’expression TD Licence de sociologie [1ère année]
  • Documents et synthèse TD Licence de sociologie [2ème année]

Principales publications

2024 : « L’attachement social de Serge Paugam », Revue des politiques sociales et familiales n°151.

2024 (en cours de publication) : « Une analyse comparée des modes de coopération entre les associations d’aide aux migrants dans les villes de Bordeaux, Bilbao et Aarhus », Ouvrage dirigé par Thomas Lacroix et Bénédicte Michalon issu du Projet LocalAcc.

2023 : « De l’accueil des étrangers à la fabrique d’une identité locale cosmopolite : le cas du Pays basque sud. Entre configurations historiques, dynamiques relationnelles et stratégies locales. », Migration Sociétés, vol. 35, n°194.

2023 : « The Dynamics of Integration Non-Profit Organizations Supporting Migrants and Societies in French, Spanish and Danish Social Spaces ». The European Sociologist, n°49.

2023 : « Les dynamiques de l’intégration. Associations d’aide aux migrants et sociétés au coeur des espaces français, espagnol et danois », Sociétés plurielles.

2021 : «Les imaginaires nationaux comme cadres des luttes entre partisans de la fermeture et de l’ouverture. Une analyse des espaces politiques français et danois », e-migrinter.

2020 : « Convergences et divergences des politiques d’intégration en Europe », Les frontières de la citoyenneté. Enjeux de l’accueil des primo-arrivants, sous la direction de Gwénola Sebaux et Meryem Youssoufi. Les éditions de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines d’Agadir.

2019 : « Une hospitalité sous conditions : les politiques d’intégration en France, Espagne et Danemark », Diversité.

2018 : « Rapports avec l’Etat des associations d’aide aux migrants : France, Espagne et Danemark », Les ressources en tensions dans l’ESS, Presse Universitaire du Louvain.

2016 : « Du concept d’intégration à la réalité des rencontres : Penser la réciprocité des échanges, La mobilisation de volontaires internationaux en France : Quels enjeux de reconnaissance, quelles pratiques de valorisation ?, Forum de acteurs et des initiatives de Valorisation des Engagements, Actes de la rencontre annuelle.

Evénements internes liés à Morgan Lans

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