Bio
Professeur des Universités en science politique à Sciences Po Bordeaux (2007 – …) / Membre de l’Institut universitaire de France (2010-2015)
Professeur des Universités en science politique à Sciences Po Toulouse (2005-2007)
Maître de conférences en science politique à Sciences Po Bordeaux (2002-2005)
Thèmes de recherche
- Economie politique
- Capitalisme
- Théorie des champs
- Comparaison
Axe(s) de recherche
Recherche en cours
Après avoir étudié l’économie politique du nationalisme, puis la mise en forme des « intérêts économiques » par les partis politiques, je mène aujourd’hui des recherches sur l’organisation politique du capitalisme. Je discute les travaux d’économistes, de politistes et de sociologues qui postulent l’existence de forces économiques autonomes et s’interrogent simplement sur les effets variables de leur encadrement politique. Pour ouvrir une nouvelle perspective, je propose de retravailler la théorie des champs. Selon mon analyse, les rapports de force politiques et les activités économiques sont consubstantiels. L’accumulation du capital est le résultat temporaire et réversible d’une coïncidence entre des hiérarchies formées dans des champs multiples, au prix d’affrontements ininterrompus. Si les activités des opérateurs économiques sont constitutives d’un champ spécifique, il importe par conséquent de les rapporter aux positions et aux prises de positions relevées dans d’autres champs, notamment dans les champs scientifique et bureaucratique. Je m’efforce d’affiner et d’enrichir ce schéma d’analyse par des enquêtes empiriques approfondies.
J’ai étudié la genèse et les développements du capitalisme agricole en Roumanie, dans le but d’expliquer les modalités de sa coexistence avec des formes d’organisation non capitalistes (avec des cultures pratiquées sur des propriétés parcellaires, à des fins d’autoconsommation) : au-delà de l’exemple considéré, cette recherche m’a permis de questionner le principe d’une « résistance » spontanée au capitalisme.
Pour préciser la façon dont s’articulent des facteurs de structuration observés à différentes échelles, je me concentre actuellement sur l’organisation politique du transport maritime face aux enjeux climatiques.
Responsable de 14% des émissions mondiales d’oxyde de soufre (SOx), de 17% des émissions d’oxydes d’azote (NOx) et de 2,5% des émissions de dioxyde de carbone (CO2), l’industrie du transport maritime échappe à l’accord cadre des Nations unies sur le changement climatique adopté à Paris en 2015 (COP21). Le texte final renvoie à des décisions ultérieures de l’International Maritime Organisation (IMO). Cette institution a succédé en 1982 à l’Intergovernmental Maritime Consultative Organization (IMCO), conçue en 1948 comme l’une des 15 agences spécialisées des Nations unies. Elle définit des normes internationales en matière de sécurité maritime et de protection de l’environnement. Le 13 avril 2018, ses membres ont adopté une « résolution » qui prévoit de réduire « d’au moins 50 % » les émissions de CO2 du transport maritime avant 2050 (en prenant pour point de départ le niveau enregistré en 2008). Les administrations nationales reçoivent la consigne d’élaborer des « plans d’action » en ce sens et peuvent puiser dans une liste de suggestions. Le texte ne pose aucune contrainte et ne prévoit aucune sanction.
Pour expliquer la difficulté à imposer des mesures plus fermes, les travaux disponibles se concentrent le plus souvent sur les grandes compagnies d’armateurs, transformées au fil des décennies en firmes multinationales. Selon cette lecture, les opérateurs les plus puissants ne sont rien d’autres que les composantes d’une « classe capitaliste transnationale ». Par-delà leur diversité apparente et les rapports de concurrence qu’ils entretiennent, ils partagent des intérêts communs et luttent pour se soustraire à des normes environnementales qui limiteraient leurs profits. Les organisations patronales mondiales (business global associations) dont ils se dotent permettent de travailler à une « emprise des milieux d’affaires » (corporate capture) sur l’IMO. Présentées comme des concessions, les mesures minimales adoptées permettent de repousser l’adoption d’une réglementation plus contraignante.
Mes recherches en cours nuancent cette analyse. Elles mettent en doute l’existence d’une coalition qui résisterait d’un seul bloc aux normes environnementales et amènent plutôt à considérer des luttes internes évolutives. Je cherche à montrer que différents champs s’emboîtent selon des modalités variables et sans obéir à un schéma prédéterminé.
Responsabilités scientifiques et institutionnelles
- Responsable du parcours de Master "Science politique et sociologie comparatives"
- Membre de la commission scientifique de Sciences Po Bordeaux
- Membre du conseil d'administration de l'Association française de science politique
Encadrement doctoral
- ENACHE Célia, Les conditions sociales de l’autonomie du mouvement féministe par rapport au champ politique. Enquête à partir de deux coalitions féministes (de 1996 à nos jours) (Thèse financée par un contrat doctoral MESR, commencée en octobre 2023) - (Co-directrice : Ioana CÎRSTOCEA)
- CARRERE Titouan, Les résistances à la question raciale dans les champs intellectuel français et britannique (thèse financée par la Chaire COLIBEX - CNRS & FRQ, commencée en octobre 2023) - (Co-directeur : Thibaud BONCOURT)
- POUZOULET Marion, Analyse multiscalaire du travail politique des réseaux transnationaux auprès des acteurs de politiques publiques. Le cas de la Coalition internationale de l’économie sociale et solidaire (CIESS) (thèse CIFRE financée par l’association « ESS Forum international », commencée en janvier 2022) (Co-directeur : Xabier ITCAINA)
- PORTE Juliette, Innovations agroécologiques face à la transition énergétique et climatique en Nouvelle-Aquitaine : l’exemple de l’agroforesterie (thèse financée par le Conseil régional de Nouvelle Aquitaine, commencée en janvier 2020) – (Co-directrice : Delphine THIVET)
- EL MESTARI Faouzi, Les blocages de la transition industrielle en Algérie : étude des rapports entre Etat et capital privé (thèse commencée en octobre 2018) – (Co-directrice : Myriam AÏT-AOUDIA)
Enseignement
- Introduction à l’économie politique (avec A. SMITH) (3e année)
- L’action collective dans l’Union européenne (Master 1 – IGE / APRI)
- Epistémologie des sciences sociales (Master 1 – SPSC)
- La démarche comparative dans les sciences sociales (Master 2 – SPSC)
- Sociologie du capitalisme (Master 2 – SPSC)
- Economie politique (Master 2 – SPSC )
- Construction d’un objet de recherche (Master 1 – SPSC)
- Tutorat de recherche (Master 2 – SPSC)
- Lectures en sciences sociales (Master - 2 SPSC)
Principales publications
Publications récentes
- “Navigating Global Labour Studies with Bourdieu: Insights from Romania’s Seafaring History”, Labor History, 64(5), 2023, p. 528-546
- « Les relations entre champs bureaucratique et entrepreneurial. Éclairages sur la contribution de l’action publique à la délimitation des activités économiques légitimes », in V. Dubois (dir.), Les structures sociales de l’action publique. Analyser les politiques publiques avec la sociologie des champs, Vulaines-sur-Seine, Éditions du Croquant , 2022, p. 363-393 [Traduction : “The relationship between the bureaucratic and the entrepreneurial field: shedding light on the contribution of public policy to delimiting legitimate economic activities”, in DUBOIS Vincent (ed.), Bringing Bourdieu »s Theory of Fields to Critical Policy Analysis, Londres, E. Elgar, 2023, p. 214-233]
- « Une internationalisation disputée. Le champ de la sociologie rurale en Roumanie”, Revue d’histoire des sciences humaines, 38, 2021, p. 203-239
- « Bourdieu and the study of capitalism. Looking for the political structures of accumulation », European Journal of Social Theory, 24(2), 2021, p. 264-284
- avec M. Ansaloni, M. Montalban et A. Smith, « Accumulation, capitalisme et politique : vers une approche intégrée », Revue de la régulation, 28, 2020
- Le capitalisme à travers champs. Étudier les structures politiques de l’accumulation, Lormont, Éditions le Bord de l’eau (Documents), 2020