L’écologie du cybercrime : gouverner les flux de données volées et de capitaux criminels

Séminaire de l'axe Sociologies de l'international

Résumé de son intervention

La cybercriminalité représente à l’heure actuelle, et de très loin, la première forme de délinquance dans les sociétés développées par le volume d’incidents et les préjudices financiers subis par les victimes. Son organisation mondialisée et distribuée, ainsi que sa complexité technique, constituent par ailleurs des obstacles majeurs à une prise en charge efficace par les institutions policières et judiciaires. Les disciplines qui s’intéressent traditionnellement à la gouvernance de la sécurité ou à la gestion des risques criminels et numériques comme la criminologie, le droit, la science politique ou l’informatique semblent également démunies, n’arrivant pas à proposer d’approche intégratrice d’un phénomène sociotechnique qui se déploie simultanément à l’échelle locale, nationale et internationale. Il existe pourtant une grande diversité d’entités disposant de capacités institutionnelles et techniques considérables qui contribuent directement ou indirectement à la régulation des mobilités internationales de données et de capitaux associés à la cybercriminalité.
À l’aide d’une approche écologique mobilisant un répertoire d’outils conceptuels permettant de recenser des communautés d’entités licites et illicites et leurs interactions, ainsi que les effets émergents qui en découlent, cette présentation examinera les nombreuses configurations de régulation de la cybercriminalité existantes ou possibles. Après avoir proposé un survol de la communauté plurielle des entités de gouvernance et de régulation, je présenterai quelques dispositifs de régulation utilisés par ces entités et certaines stratégies d’activation mobilisables par l’État afin de coordonner plus efficacement les réseaux de gouvernance qui émergent de cet écosystème. Je conclurai en me questionnant sur cinq défis démocratiques que font surgir de telles configurations de régulation des mobilités : l’interprétabilité, l’existence de rationalités concurrentes, l’efficacité réelle, l’imputabilité, et la cyber-résilience des groupes les plus vulnérables.


en distanciel sur inscription auprès d'Anthony Amicelle : a.amicelle@sciencespobordeaux.fr


Début : 11 avril 2024 à 14:00
Fin : 11 avril 2024 à 16:00
site Sciences Po Bordeaux, salle Touchard & en distanciel (sur inscription)

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