Section 6. L’hostilité envers les Roms

Catégorie : Chapitre d'ouvrage

Auteur(s) : Nonna Mayer , Guy Michelat , Vincent Tiberj , Tommaso Vitale

Éditeur : La Documentation française

pp. 142-159

Année de publication : 2019


Résumé :

Le Baromètre racisme enregistre une augmentation supplémentaire de la tolérance dans la relation à l’Autre et aux minorités ethniques, Roms et gens du voyage compris. Les attitudes envers eux sont ainsi révélatrices des dynamiques profondes et des inégalités qui traversent la société française. Le niveau général d’hostilité contre les Roms, les Manouches et plus généralement les Tsiganes baisse, même si elles restent les minorités qui concentrent le plus d’opinions négatives. La tendance à la réduction des préjugés envers les Roms est lente, progressive mais continue depuis plusieurs années. Elle ne touche pas un stéréotype en particulier. On observe plutôt une dynamique cumulative, qui amène à petits pas des proportions légèrement plus élevées de citoyens vers une meilleure connaissance et une moindre adhésion aux stéréotypes dans leur ensemble. Par rapport aux autres minorités, les préjugés, les stéréotypes, les connaissances erronées, les sentiments de peur et d’hostilité continuent de se mêler avec une force et une intensité particulières. Leur niveau de diffusion a baissé ces dernières années, quoique lentement. La spectacularisation de la pauvreté de certains groupes Roms par les médias lors des évacuations des campements illicites et des bidonvilles exerce un impact mineur. On commence à voir les effets positifs de la nouvelle politique de résorption des bidonvilles, conformément à l’instruction du gouvernement du 25 janvier 2018. De fait, les groupes tsiganes sont moins souvent constitués en boucs émissaires par les élites politiques, sociales et médiatiques. La mobilisation des associations pour la défense des droits des Roms et des gens de voyage s’est renforcée, en réaction aux discriminations institutionnelles et sociétales dont ils sont victimes. Elles mettent en avant une image plus positive de cette minorité dans la presse. Elles développent une stratégie de plus en plus centrée sur la lutte contre les idées reçues. Elles s’appuient aussi sur le rappel du Comité des droits de l’enfant des Nations Unies, qui a demandé à la France de « garantir à tous les enfants le droit à l’éducation sans discrimination », s’appuyant sur le témoignage et l’engagement direct des enfants « privés du droit à l’éducation », pour relancer « le droit à l’instruction publique pour tous et toutes ». En plus de la mobilisation des associations, on peut nettement noter la montée de la parole des personnes concernées elles-mêmes dans les médias et dans le débat public, par exemple autour du film « À bras ouverts » de Philippe de Chauveron. Sondage effectué sur un échantillon représentatif de la population française, en novembre 2018. Table de matières: 1. Une galaxie de minorités 2. Un soupçon de communautarisme qui reste très répandu 3. Antitsiganisme et romaphobie 4. Mesurer l’hostilité envers les groupes tsiganes 5. Une stabilité des facteurs explicatifs des préjugés romaphobes 6. La mémoire du génocide comme enjeu émergent dans la lutte contre l’antitsiganisme Figures: 1. Tendances à juger différents groupes comme « à part dans la société » en % 2. Échelle de romaphobie, année 2014, janvier 2016, octobre 2016, novembre 2017 et novembre 2018 en % 3. Échelle de romaphobie par catégorie socioprofessionnelle, novembre 2018 en % 4. Échelle de romaphobie par diplôme en % 5. Échelle de romaphobie par auto-positionnement politique en % 6. Échelle de romaphobie par auto-positionnement politique en cinq positions en % 7. Scores sur l’échelle de romaphobie par niveau d’ethnocentrisme Tableaux: 1. Questions utilisées pour la construction de l’échelle de romaphobie en % 2. Matrice de corrélation entre les opinions à l’égard des Roms, novembre 2018 3. Facteurs explicatifs de la romaphobie en %


Référence HAL : hal-02118705

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