Lucie Zampatti a débuté une thèse en sociologie au Centre Émile Durkheim | Université de Bordeaux, en octobre 2022 :
Coexister avec le loup en France et en Italie : le sauvage au centre d’arrangements locaux et politiques
Sous la direction de Ronan Hervouet
Lucie Zampatti
doctorante en sociologie
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je suis en première année de doctorat en sociologie. Je suis réputée pour être une grande bavarde, donc je vais tâcher de faire court pour cette présentation.
Quel est ton parcours ?
Après mon baccalauréat, je ne souhaitais pas poursuivre des études puisque je ne savais pas du tout vers quel secteur professionnel me diriger. En revanche, j’avais une envie viscérale de partir à l’étranger, bien que l’annoncer à ma famille a été une épreuve difficile. Une fois ma décision prise, j’ai multiplié les emplois une année entière, femme de ménage, animatrice périscolaire, baby-sitter et serveuse. Puis, accompagnée de mon frère et d’un ami, nous avons rejoint la Russie pour commencer notre long périple, mais rien ne se passa comme prévu. En attendant notre Transsibérien au quai de la gare de Moscou, nous avons rencontré un duo de voyageurs inspirants et passionnants. Après plusieurs péripéties et l'enchainement de conditions hasardeuses, nous nous sommes retrouvés en Mongolie et je pris la décision de partir avec eux. Notre philosophie était de ne rien prévoir, le stop était notre moyen de transport et la tente notre dortoir. Pas toujours facile à certains endroits, quelques allers-retours au poste de police comme en Chine par exemple, mais par chance, toutes ces expériences se sont bien terminées et sont aujourd'hui inoubliables. Je suis rentrée au bout de deux ans pour reprendre mes études en première année de licence de sociologie à l’Université de Bordeaux et me voilà maintenant en doctorat.
Parle-nous de ta thèse ?
J’ai commencé ma thèse il y a peu, en octobre 2022 sous la direction de Ronan Hervouet. Elle s’intitule : Coexister avec le loup en France et en Italie : la gestion du sauvage au centre d’arrangements locaux et politiques. Nous pouvons dire que ces relations ont toujours été conflictuelles, puisque la prédation impacte directement les élevages domestiques. En m’intéressant à la présence des loups et aux rapports qu’ils entretiennent avec tous les êtres vivants qui les entourent, je cherche à étudier les modes de gouvernance du sauvage, imbriqués localement et régis par les politiques publiques. Dans ce cas de figure, l’Italie semble mieux gérer ces rapports, avec une protection du loup plus ferme que celle présente en France. Or, selon plusieurs témoignages, la situation italienne est bien loin des relations pacifiées prétendues, notamment par la sous-représentation politique et médiatique des acteurs pastoraux (bergers et éleveurs). Ainsi, la démarche ethnographique est le point d’entrée de ma recherche au sein de trois régions européennes (Provence-Alpes-Côte d’Azur, le Piémont et les Abruzzes) qui recensent les plus grandes parts de meutes de loups installées de façon permanente en France et en Italie. En dévoilant les stratégies locales et politiques des modes de gouvernance du sauvage, l’enjeu de ma recherche est de rendre compte des normes et des valeurs environnementales dominantes dans la mise en agenda d’un problème public.
Pourquoi la recherche ?
La recherche me semblait inatteignable, notamment parce qu’il fallait faire de longues études. C’est grâce à mon voyage que je suis actuellement en doctorat. Cette expérience m’a redonné confiance et m’a conduit à poursuivre mes réflexions en recherche. Cette voie me paraissait être un moyen pour comprendre des situations éloignées de notre quotidien, pour renouveler et s’interroger sur les perceptions que nous donnons à certaines réalités et surtout, pour remettre en question nos propres conceptions du monde social. Et je ne regrette pas ce choix !
Et en dehors de la recherche ?
Je suis passionnée d’aventure et particulièrement de survie en milieu naturel. Apprendre à se débrouiller avec le minimum est un vrai plaisir pour moi, tel qu’allumer un feu avec un préservatif, de l’eau et du soleil (ça marche !). Un hobby que je rallie à l’observation et à la photographie de la faune sauvage.
Propos recueillis le 8 avril 2023
En savoir plus sur Lucie Zampatti