Asymétries de savoir dans les situations d’enquête
Charlotte Brives (chercheuse CNRS Centre Émile Durkheim | Université de Bordeaux)
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Antoine Roger (enseignant-chercheur Centre Émile Durkheim | Sciences Po Bordeaux)
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partageront leur expérience empirique puis nous engagerons une discussion et une réflexion communes sur les aspects méthodologiques et les stratégies à adopter pendant l’enquête.
Présentation :
Un ensemble d’énigmes, de questionnements et d’approximations entourent chaque début d’enquête, et nous nous trouvons au départ souvent cantonnés à la posture du profane. Cette difficulté relative aux "asymétries de savoir dans les situations d’enquête" est inhérente à notre travail de recherche, mais elle l’est encore davantage lorsque le savoir des enquêté·es relève d’un champ de spécialistes, de professionnels ou d’experts dont la grammaire nous échappe. Comment passer du statut de sujet profane à celui de sujet connaissant ? Comment dépasser les asymétries de savoirs (confrontation de deux champs partiellement autonomes) pour créer une intelligibilité et, à terme, un autre savoir ancré dans le champ des sciences sociales ?
Au vu de ces problématiques, il nous semblait pertinent de proposer une séance de l’atelier méthode permettant de discuter collectivement des difficultés rencontrées face à ces situations d'asymétries dans l'enquête. Ce moment sera le moyen d’échanger sur des aspects que nous évoquons rarement, de partager nos expériences respectives et aussi de communiquer nos conseils pour dépasser ces difficultés. La discussion s’axera également sur les dimensions méthodologiques qui s’y rapportent.
Qu’est-ce que ces asymétries de savoirs font à la production des données ? Quelles stratégies adopter pour s’en sortir et neutraliser certains de leurs effets de biais ? Quelle posture tenir durant l'entretien : la feinte ou au contraire l’affirmation de l’incompréhension, au risque de perdre en dynamique mais de gagner en précision ? Avons-nous vraiment besoin de tout comprendre pour produire des résultats pertinents ?
Charlotte Brives
Je travaille avec des biologistes et des médecins sur les microbes. Je parlerai de la notion de réflexivité croisée, que j'avais développée pendant ma thèse dans un laboratoire de biologie, et que j'avais plus ou moins mise en place pour prendre en considération une situation que je qualifierais moins d'asymétrie de savoirs que plus généralement d'interdisciplinarité ou d'enchevêtrement de savoirs (qui peuvent être aussi bien scientifiques que vernaculaires, etc.). Je parlerai également de mon expérience plus récente où il s'est agi de tisser ensemble des des récits très différents, venant de champs d'expertise divers
Antoine Roger
Les modulations l’asymétrie. Retour sur quelques enquêtes consacrées à des agents "dominants" - Mes enquêtes les plus récentes - consacrées au capitalisme agricole en Roumanie et aux évolutions du transport maritime face aux enjeux climatiques – m’amènent toutes à réaliser des entretiens avec des agents "dominants", détenteurs de savoirs spécialisés auxquels je peux difficilement prétendre et engagés dans le même temps dans des rapports de force que je tente de décrypter. Les asymétries qui en résultent ne présentent pas toutes la même forme. Je propose d’examiner celles qui se font jour lors d’entretiens ethnographiques ou biographiques et de préciser la façon dont elles (ré)orientent mes enquêtes. J’entends me pencher ensuite sur des situations dans lesquelles j’ai occupé à la fois une position de dominé (par mes savoirs) et de dominant (par le poids symbolique de ma nationalité)
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