Eric Chauvier
professeur d’anthropologie SHS, ENSAP Bx, chercheur au laboratoire PAVE
Xabier Itçaina
directeur de recherche en science politique CNRS, chercheur au Centre Emile Durkheim, Sciences Po Bordeaux
Clara Lemonnier
docteur en anthropologie, formatrice et chargée de mission à l’ADES Formations- Marmande
Résumé
Le journal de terrain est l’outil habituel associé à la pratique de l’observation. Renseigné sur le moment, durant le déroulement de l’action ou, a posteriori, de façon différée, lorsque le chercheur ou la chercheuse n’est plus dans le contexte d’observation, il peut prendre des formes extrêmement diverses. Certain·es professionnel·les y consignent uniquement le cadre de l’échange et de l’interaction observés, alors que d’autres y inscrivent au-delà de la description des scènes et des lieux, des débuts de réflexion, des pensées personnelles, les premières hypothèses de travail, des références bibliographiques et des bribes de notes de lecture… Malgré cette diversité de formes et d’usages, le journal de terrain n’en répond pas moins à des normes de présentation et de contenus (temporalité et chronologie, datation, recontextualisation, règles de citations et diversification des propos, comptages, etc.).
Ce séminaire souhaiterait, à partir d’expériences différentes de l’enquête, issues de plusieurs disciplines des sciences sociales (sociologie, anthropologie, sciences politiques), croiser les pratiques du journal de terrain, habituelles ou spécifiques, et aborder à la fois la façon dont le, la chercheur·se renseigne le journal et le rapport qu’il ou elle entretient à cet outil.
Plusieurs pistes de discussion seront abordées durant l’échange : qu’écrit-on dans un journal de terrain ? Comment l’écrit-on et pour servir quels objectifs ? Quels sont les « langages » utilisés ? Qu’est-ce que décrire et jusqu’où aller dans le niveau de précision des éléments consignés ? Comment s’opère la sélection de l’information ? Que dit le journal de l’observation menée ? Comment tirer profit de ce qui a été décrit et consigné pour l’analyse immédiate et, au-delà, pour la suite des investigations sur l’objet travaillé ? La question de l’archivage et de l’accès aux matériaux produits par les journaux de terrains pourra, sur ce point, être discutée.