L’usage du smartphone en situation sociale

La thèse en bref

Directeur.trice de thèse : Olivier Cousin Année de début : Discipline : Sociologie

Thèse soutenue le 19 décembre 2022

L'usage des smartphones est devenu omniprésent aussi durant les interactions en face à face. Des termes tels que« phubbing » et « technoférence » sont souvent utilisés dans les médias et dans la recherche, bien qu'en tant que concepts, ils ne sont rien de plus que des néologismes qui combinent les significations des mots qui les composent (c'est-à-dire téléphone & snobage et technologie & interférence). Les recherches antérieures suggèrent que de nombreuses conséquences négatives peuvent résulter de l'utilisation des smartphones dans les situations sociales. Les enfants de parents qui utilisent beaucoup leurs smartphones sont plus susceptibles d'avoir des problèmes de comportement, et les couples qui se "phubbent" sont plus susceptibles d'avoir des problèmes dans leurs relations. Moins de recherches ont été faites pour décrire comment les smartphones sont réellement utilisés dans des situations sociales. Aucune systématisation de l'engagement corporel avec son smartphone n'existait avant cette thèse. Moins de recherches ont également été menées pour identifier ce qui fait des smartphones un genre spécial d'activité alternative ou concurrente pour les individus impliqués dans une interaction, ou même si cela en constitue un genre spécial. Cette thèse étudie l'utilisation du smartphone dans des rencontres colocalisées avec l'analyse conversationelle ethnométhodologique, les techniques quantitatives inspirées de l'ethnométhodologie, et l'analyse de contenu. Il introduit trois nouveaux concepts, chacun développé dans son propre article. La « Métamédia Collante »  décrit comment l'utilisation du smartphone peut entraîner des retards et des pauses dans la conversation, et comment ce manque de progressivité peut obscurcir la structure des préférences de l'interaction en cours. « L'inaccessibilité des spectateurs » détaille comment les spectateurs de l'utilisation du smartphone ont généralement peu d'accès épistémique à pourquoi, comment, et pendant quelle durée l'appareil est utilisé. Cela peut obscurcir de manière réflexive la construction d'une compréhension, car le sens de chaque événement interactionnel se forme à travers son contexte local actuel, dont l'activité de l'utilisateur de smartphone est une partie cruciale. "Les gestes smartphonesques" présente des outils pour analyser l'engagement corporel avec son smartphone, et son impact sur l'action et l'engagement interactif. Les smartphones apparaissent comme une technologie défiant la formation de l'intersubjectivité en face à face en exigeant que des ressources interactives finies soient réparties entre les interactions en face à face et en face à l'écran. Le regard, l'évaluation consciente et l'orientation corporelle sont parfois simultanément pertinents dans les deux. Les smartphones servent comme une centrale pour plus d'activités qu'aucune autre technologie quotidienne ne le permet, mais ils donnent généralement le moins d'indices sur l'activité en cours. Cependant, nous ne sommes pas des victimes impuissantes de ce nouveau «métamédia», mais grâce à des ajustements observables de notre engagement corporel, nous réglementons l'engagement avec le smartphone et l'engagement conversationnel, rendant ainsi de multiples engagements simultanés tout à fait possibles, bien que parfois difficiles. La thèse montre des preuves d'une corrélation négative entre l'intelligence sociale et le « phubbing », suggérant que l'amélioration de l'intelligence sociale pourrait atténuer les conflits liés au « phubbing » .