Rôle des bidonvilles dans la « fabrication » de la ville en Amérique Latine : le modèle brésilien d’«urbanisation des favelas» dans le nord-est

La thèse en bref
Doctorant.e : Pascal Machado Directeur.trice de thèse : Guy Tapie Année de début : 2023 Discipline : Sociologiesous la direction de Guy Tapie
En Amérique Latine hispanique on les nomme callampas (champignons), en référence à la rapidité de leur apparition (les habitations sont souvent construites pendant la nuit pour fuir les autorités). Dans les pays francophones on les appelle bidonvilles, allusion aux matériaux de fortune utilisés au départ. Au Portugal, ce sont les bairros da lata (quartiers de bidons), encore une référence aux matériaux qui les composent. Au Brésil le mot favela vient d'une plante, du nom scientifique de Cnidoscolus quercifolius, présente en abondance dans les lieux de campement des soldats de la guerre de Canudos en 1800 à Salvador de Bahia, Nord est du Brésil. Au niveau de sa composition spatiale et architecturale il s'agit d ́un « morceau de ville », qui va se constituer et s ́agrandir en fonction des moyens de la population qui va l'occuper. Empruntant le terme à Julien Damon (2010), nous considéreront la bidonvilisation comme étant un des processus de fabrication de la ville. Partant d'une brève étude historique sur les bidonvilles au Brésil, nous identifieront les concepts qui en découlent, pour ouvrir un débat théorique en vue de mieux comprendre les spécificités de ces lieux de vie. Puis, à travers l'analyse empirique de trois études de cas d'urbanisation de favelas dans des villes du Nord-est du Brésil, nous lanceront un débat théorique et critique permettant une compréhension plus approfondie des phénomènes qui gèrent les favelas au quotidien : quels facteurs interviennent dans le succès ou l'échec d'une intervention en milieu à priori « non structuré et inhospitalier », comme sont souvent caractérisées à tort les favelas ?