Lutter contre la traite des êtres humains : une analyse comparative de l’action publique de la France et des Pays-Bas
La thèse en bref
Doctorant.e : Sarah Roux Directeur.trice de thèse : Daniel Compagnon Année de début : 2017 Discipline : Science politiqueThèse de science politique
La traite des êtres humains (TEH) connaît un grand développement depuis la fin du XXème siècle.
Elle toucherait jusqu’à 25 millions de personnes selon le Département d’État des Etats-Unis. Elle
constitue la troisième forme de trafic la plus répandue, après les drogues et les armes. Très
lucrative, la TEH générerait 150 milliards de dollars de profits par an selon l’Organisation
internationale du Travail. Non seulement ce phénomène porte atteinte aux droits de l’Homme, mais
il remet en cause l’autorité des États sur leurs territoires. Dans ce contexte, la TEH devient
progressivement un enjeu majeur sur les scènes nationales, régionales et internationales.
Particulièrement touchés, les pays occidentaux sont généralement reconnus comme des « bons
élèves » en matière de lutte contre la TEH par la communauté internationale. A travers l’étude des
cas de la France et des Pays-Bas des années 1980 à 2018, nous proposons de questionner le
présupposé selon lequel non seulement les États occidentaux mettent en place des politiques
publiques de lutte contre la TEH, mais ces dernières comptent parmi les plus accomplies en la
matière. Nous argumentons que les apparences cachent de fortes disparités dans la priorité qu’ils
accordent à cette problématique. Ce faisant, nous explorons certaines zones d’ombre de la
littérature sur la TEH. Si cette dernière a surtout étudié les réponses occidentales à la TEH, elle
privilégie une approche globale et homogénéisante à l’échelle occidentale ou européenne au
détriment d’une analyse plus fine au niveau national. Elle se focalise bien souvent sur les mesures
législatives au détriment d’autres aspects des réponses publiques développées par les États
occidentaux. Enfin, elle se concentre majoritairement sur la traite sexuelle et tend à négliger les
autres formes de TEH. Plus encore, nous proposons d’ouvrir une réflexion autour des déterminants
de la priorité consacrée à la lutte contre la TEH. Dans ce but, nous comparons les processus
d’émergence et de mise à l’agenda de la TEH en France et aux Pays-Bas, de même que les
processus de construction de ce problème public. Notre recherche repose sur le recueil et l’analyse
qualitative de documents produits par les acteurs de la lutte contre la TEH au sein des deux pays
(qu’il s’agisse des acteurs associatifs, militants, politiques et institutionnels), et d’une quarantaine
d’entretiens conduits auprès de ces acteurs.