Policing & big data. La mise en algorithmes d’une politique internationale
Catégorie : Article dans une revue
Auteur(s) : Anthony Amicelle
Nom de la revue : Critique Internationale
pp. 23-48
Année de publication : 2021
Résumé :
Le concept de policing renvoie à une dimension spécifique du contrôle social, et désigne l’existence d’opérations de surveillance couplées à la menace de sanctions en cas de déviance. En appelant à surveiller les transactions financières pour lutter contre la criminalité et le terrorisme, l’action publique internationale contre l’argent sale a légitimé et généralisé au cours de ces dernières décennies une nouvelle forme de policing. Celle-ci implique des acteurs majeurs du capitalisme qui ne sont pas à proprement parler des entreprises de sécurité privée. À l’instar d’initiatives du même ordre plus récentes, elle repose sur l’articulation d’univers relevant, d’une part, de l’économie et de la finance, d’autre part, du pénal et de la sécurité. Comment cette articulation s’opère-t-elle, et avec quels effets, tant sur le fonctionnement de ces univers sociaux que sur l’exercice du policing contemporain ? Pour répondre à ces questions, nous situons l’analyse sur un plan sociotechnique, en étudiant la mise en algorithmes des opérations de surveillance. Figure montante dans le domaine de la sécurité, les algorithmes sont omniprésents au sein du policing financier. En tant qu’objets-frontières, ils constituent un point d’entrée crucial pour étudier les relations entre « économie » et « sécurité » sur lesquelles repose une partie croissante du policing à l’heure des big data.
Résumé en anglais :
The concept of policing refers to a specific dimension of social control and designates the existence of operations of surveillance coupled with the threat of sanction in the event of deviance. By calling for the control of financial transactions to fight against criminality and terrorism, international public action against dirty money has legitimised and generalised a new form of policing over the last decades. This policing involves major actors of capitalism that are not private security companies. Like similar and more recent initiatives, it is based on the articulation between universes relating to the economy and finance on the one hand, and criminal justice and security on the other. How is this articulation operated and what are the effects on the functioning of these social universes and on the exercise of contemporary policing? To answer these questions, the analysis I offer is socio-technical and examines how operations of surveillance are transformed into algorithms. Increasingly used in the field of security, algorithms are omnipresent in financial policing. As boundary objects, they constitute a crucial entry point for the study of the relationship between “economy” and “security” on which is based a great deal of the increasing policy in the time of big data.
Référence HAL : halshs-03347693
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