Des femmes catholiques contre l’Etat. Mobilisations contre les politiques de laïcité (1901-1914)

Catégorie : Chapitre d'ouvrage

Auteur(s) : Magali Della Sudda

pp. 59-74

Année de publication : 2020


Résumé :

M. Della Sudda, « Des femmes catholiques contre l'État : mobilisations contre les politiques de laïcité (1901-1914) », in Christine Bouneau et Nicolas Patin (dir.), La Société civile organisée contre l'État : la question des mineurs/minorés/minorisés, Pessac, MSHA, pp.59-73 1 Journée d'études La société civile organisée contre l'État (France, Europe, du XIX e siècle à nos jours) : la question des mineurs/minorés/minorisés. Vendredi 15 mars 2019 MSHA, salle Jean Borde Organisation : Christine Bouneau (SCOR et CEMMC) et Nicolas Patin (SCOR et CEMMC). Des femmes catholiques contre l'État : mobilisations contre les politiques de laïcité (1901-1914) 1 La société civile désigne habituellement les individus ou collectifs organisés en dehors des partis politiques. La pensée politique libérale considère que la société civile offre un contre-pouvoir à l'État. Dans cette perspective, la notion de « culture civique » a fait l'objet de discussion et de débats en science politique et dans l'espace démocratique. Cette notion, proposée par Almond et Verba dans les années 1950 promeut l'idée que la « culture civique » développée dans les associations est un élément essentiel de la démocratie. Cette culture civique serait forgée en dehors des partis politiques et des institutions politiques, au sein d'associations représentant la « société civile » 2. Cette perspective a été contestée en raison de son caractère normatif (la culture civique est l'expression de la société civile, en tant que telle elle est favorable à la démocratie), développementaliste (l'évolution irait d'une culture « paroissiale » vers une culture nationale, méthodologique (elle repose essentiellement sur des enquêtes par questionnaire). Néanmoins, par l'accent porté sur la « culture politique », autrement dit la politisation par des associations, elle offre un point de départ pour comprendre comment des groupes minorisés ont pu accéder à la représentation politique, y compris en s'opposant à l'Etat ou à la République. Le cas des ligues catholiques féminines, opposées aux politiques de laïcisation de l'appareil d'Etat menées entre 1880 et 1905, révèle les tensions autour de la question de la représentation politique des femmes et des catholiques sous la Troisième République. En tant que femmes, elles ne peuvent jouir des mêmes droits politiques et civils que les hommes citoyens français. D'un point de vue politique et civile, elles sont donc des mineures. Mais la revendication du droit de suffrage et d'éligibilité est fortement contestée par ces femmes qui se pensent d'abord comme des mères, des épouses et des filles de citoyens. Catholiques, elles légitiment leurs mobilisations contre l'État par la « persécution » religieuse dont seraient victimes les congréganistes et les fidèles. Si elles sont absentes de la représentation politique dans les institutions républicaines, les dirigeantes de ces associations n'en 1 Je remercie très chaleureusement Nicolas Patin et Christine Bouneau ainsi que les participantes et participants à la journée d'études pour leurs remarques et commentaires.


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