Tonya Tartour

Tonya Tartour

Maîtresse de conférences en sociologie à Sciences Po Bordeaux et chercheuse au Centre Émile Durkheim

Quel est ton parcours et comment es-tu
devenue enseignante-chercheuse ?

Après un Bac L à La Rochelle, j’ai intégré la fac de
Poitiers pour étudier l’histoire. L’opportunité de choisir une mineure dans ce parcours en sciences humaines et sociales m’a permis de découvrir la sociologie – pour laquelle je me suis tout de suite passionnée. Après deux ans de double licence à Poitiers, j’ai partagé ma troisième année entre l’Université de San José au Costa Rica et celle
de Coimbra au Portugal pour suivre également des cours d’anthropologie et de science politique.
Je suis rentrée en France pour entrer en Master Recherche en sociologie à Sciences Po, Paris et y ai obtenu ensuite une bourse de thèse.
J’ai fait ma thèse au Centre de Sociologie des Organisations à Sciences Po, soutenue en full distanciel en janvier 2021. Après ça, j’ai obtenu un contrat post‑doctoral de l’IFRIS pour effectuer une recherche au Cermes3.
En entrant en thèse, je ne m’intéressais pas du tout à l’enseignement et voulais me concentrer
uniquement sur la recherche. J’ai commencé à donner des cours pour arrondir les fins de mois et j’ai en fait découvert la richesse apportée par l’enseignement pour clarifier mon propos, assurer
ma propre compréhension des notions, évaluer
l’intérêt de mes propres recherches auprès d’un public non‑chercheur et enfin, la relation aux étudiant·es. J’ai très vite voulu m’orienter vers une carrière académique et j’ai eu la chance d’être recrutée dès ma seconde campagne.

Quels sont tes objets de recherche ?
Sur quoi travailles-tu ?

Je m’intéresse principalement aux mondes de la
santé. Jusqu’ici, mes recherches ont surtout porté sur la psychiatrie et la santé mentale. Pour comprendre comment sont façonnés les parcours des personnes suivies en psychiatrie, je m’intéresse notamment à l’organisation des soins et aux professionnels. Pour le dire vite, ce qui m’intéresse c’est tout ce qui outille et encadre les pratiques et la relation de soins et participe à la décision des médecins psychiatres : les routines et savoirs professionnels (psychiatriques mais également pharmaciens et somaticiens), les
« innovations thérapeutiques » et les techniques de soins (notamment les médicaments), les régulations d’ordre juridique (particulièrement centrales dans les soins sans consentement) ou encore l’application d’un principe économique pour « gouverner l’hôpital ».

En intégrant le CED, je souhaite entamer un nouveau projet, qui s’intègre dans ce programme de recherche, sur les dispositifs médicaux – c’est‑à‑dire les objets matériels qui sont utilisés dans le soin et l’accompagnement

Peux-tu nous parler de ton quotidien
d’enseignante-chercheuse ?

Je suis enseignante‑chercheuse depuis 2015,
c’est‑à‑dire depuis ma première année de thèse.
Comme tous·tes les collègues, j’essaie (avec plus ou moins de réussite) de limiter le temps que je passe à préparer les cours et de sanctuariser des journées dans la semaine pour faire de la recherche. Même si cette définition du travail reste vraie, en devenant maîtresse de conférences, plusieurs choses vont changer. Alors que j’ai toujours enseigné dans plusieurs établissements à la fois, dans des formations que je connaissais mal parce que je ne bénéficiais pas d’un temps suffisant pour m’y familiariser, je suis contente de pouvoir maintenant penser mon intégration à Sciences Po Bordeaux et au CED sur le long terme.

Quels sont tes projets pour
l’avenir ?

Justement, c’est étrange d’avoir l’opportunité de me projeter à un horizon plus lointain que quelques mois. Le marché de l’emploi dans l’enseignement supérieur et la recherche nous discipline et nous apprend à ne pas faire trop de
plans sur la comète malgré les « projets » que nous écrivons à répétition. Pour l’instant j’essaie surtout de prendre mes marques et de faire la connaissance de mes nouvelles et nouveaux collègues.

Du côté de l’enseignement, j’aimerais progressivement me positionner sur des cours plus proches de mes objets de recherche. Sur le plan de la recherche, j’aimerais démarrer l’année prochaine une nouvelle enquête sur les dispositifs médicaux et le rapport au droit dans la conception de nouveaux objets en santé. Je suis aussi très tentée par commencer à faire des terrains à l’étranger, notamment aux Suds.

"Pour comprendre comment sont façonnés les parcours des personnes suivies en psychiatrie, je m’intéresse notamment à l’organisation des soins et aux professionnels.

Et en dehors de la recherche ?

J'espère un paquet de trucs ! Passer du temps
avec ma famille qui est dans la région, visiter et faire visiter les plus beaux coins de la Gironde et de la Nouvelle‑Aquitaine (je n'ai jamais su choisir entre mer et montagne, je vais devoir faire une enquête de terrain particulièrement approfondie pour départager Pyrénées et côte Atlantique), j'ai aussi des envies de kayak et d'engagements militants ‑ et si vous avez des suggestions, je veux bien allonger cette liste !

*Portrait paru dans la newsletter #126 septembre 2022

En savoir plus sur Tonya Tartour consulter sa page personnelle, ici

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Publié le 23 septembre 2022
Dernière modification le 26 octobre 2022