Joan Cortinas Muños
Maître de conférences en
sociologie
Quel est ton parcours ? Comment es-tu devenu enseignant-chercheur ?
J’ai fait mes études de sociologie à Barcelone.
Ensuite, j’ai reçu une bourse pour venir à Paris pour faire un DEA. À la fin du DEA, j’ai alterné entre un petit boulot d’assistant de langues dans un lycée parisien avec un stage à l’UNESCO. À l’issue de ce stage, je suis devenu consultant pour l’Organisation des Nations Unies. Au bout de cinq ans, les études me manquaient et j’ai décidé de me lancer dans une thèse de doctorat – lors de mon travail à l’UNESCO j’avais pu faire quelques économies. Christian Topalov de l’EHESS à Paris a accepté d’être mon directeur de thèse. Après cinq ans de travail et d’un extraordinaire suivi de la part de mon directeur, j’ai obtenu ma thèse sur la construction de la pauvreté comme problème public en Espagne. Ensuite, se sont enchaînés de nombreux contrats de postdoc -EHESP, ENS, Paris 8- dont l’un aux États-Unis qui m’a conduit à travailler sur les questions environnementales. En 2018 j’ai intégré la Chaire Santé de Sciences Po Paris où j’ai continué à travailler sur les questions de santé et d’environnement. Et puis, en février 2021, un poste en sociologie de l’environnement et en méthodes quantitatives s’est ouvert à l’Université de Bordeaux, et mes collègues ont eu la gentillesse de retenir ma candidature.
Quels sont tes objets de recherche ? Sur quoi travailles-tu ?
Mes recherches portent sur les politiques
environnementales en tant que construction collective. Plus concrètement, je m’intéresse au décalage existant entre une production normative – lois, décrets, réglementations, etc. - foisonnante en matière environnementale depuis quelques années, et des avancées plutôt timides concernant les résultats obtenus, y compris au regard des objectifs fixés par ces mêmes politiques. J’ai développé cette problématique à partir des politiques de protection des ressources hydriques, des politiques de lutte contre la sécheresse ou encore des politiques nutritionnelles et alimentaires. Actuellement, je m’intéresse aux capacités d’influence des acteurs économiques en matière environnementale et de santé en fonction du système politique. L’objectif est de comprendre ce qui favorise au sein d’un système politique le rôle des acteurs privés dans la production législative en matière de santé environnementale. Pour ce faire, je compare plusieurs processus législatifs en matière de santé environnementale en France et en Espagne.
Peux-tu nous parler de ton quotidien d'enseignant-chercheur?
Mon quotidien cette année a été rythmé par la
préparation de cours, les réunions du département, mes activités de recherche et mes activités dans des comités scientifiques gouvernementaux.
Actuellement, les cours sont terminés, alors je me
concentre sur la fin de la rédaction d’un ouvrage sur la gestion de la sécheresse dans l’ouest des États-Unis et la promotion du livre qui vient de paraître sur les lobbys de l’agroalimentaire. J’ai également un peu plus de temps pour commencer à rédiger un rapport sur les risques de l’autonomie de la recherche en tant que membre de la Commission nationale de la déontologie et des alertes en matière de santé publique et d’environnement. Enfin, je me forme par de nombreuses lectures à la question des transitions écologiques comme levier de lutte contre les inégalités sociales. L’objectif est de nourrir une réflexion sur ce sujet afin de faire de propositions d’action en tant que membre de Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale.
Quels sont tes projets pour l'avenir ?
Mes projets pour l’avenir passent essentiellement
par le fait d'asseoir mes cours en sociologie du
lobbying et en sociologie publique au sein de la
faculté de sociologie. Continuer ma recherche sur
le lobbying et les systèmes politiques et à terme
en faire une HDR. Un autre projet est de tisser
davantage de liens de collaboration avec mes
collègues du CED pour approfondir la réflexion
sur les obstacles à la mise en œuvre de politiques
environnementales à la hauteur des enjeux auxquels nous sommes confrontés.
En dehors de la recherche ?
Que mes collègues me fassent découvrir la ville et
la région !
"Mon quotidien cette année a été rythmé par la
préparation de cours, les réunions du département, mes activités de recherche et mes activités dans des comités scientifiques gouvernementaux.