Indispensable pour les organisations publiques, tant dans leur fonctionnement que pour réaliser leurs missions, les marchés publics font l’objet de peu de recherche en sciences sociales. Ce dispositif de dépense de l’argent public constitue pourtant un objet central pour comprendre la place du droit dans le fonctionnement de l’État et des collectivités. Grâce à une ethnographie, cette recherche suit le marché public au fil de sa circulation au sein d’un conseil Départemental. Elle prend au sérieux les préoccupations des personnes impliquées et les opérations qu’elles réalisent. Les formulations du droit au cours de cette activité déterminent une légalité : des pratiques juridiques partagées considérées comme relevant du droit.
Celle-ci est mise à l’épreuve de trois modes de coordination : la sécurité juridique, l’opérationnalité et la politique achat. Cette thèse étudie le droit comme une effectuation plutôt qu’un ensemble de textes et d’abstractions. En tant qu’artefact, le marché public connaît un processus de transformation. Il est lu, écrit, discuté et traduit dans différents documents, dans lesquels certaines qualités, non réservées au droit, sont attendues. Ainsi, produire un marché public est le résultat d’un processus de valuation où la place du droit rencontre les attentes des acteurs économiques et les préoccupations inhérentes à la division du travail de rédaction.