Capitalisme et Philanthropie
Charles Bosvieux-Onyekwelu, Chargé de recherche en sociologie au CNRS, Centre Norbert Elias et associé à PRINTEMPS
La pratique du pro bono : une fenêtre d'observation sur la "moralisation" du capitalisme
Originellement liée aux avocat·es assurant gratuitement la défense de certain·es client·es, la pratique du pro bono a par la suite été exportée, au-delà du sous-continent nord-américain, par les multinationales du droit et les avocat·es d’affaires, la centralité de ces agent·es dans la globalisation et la financiarisation de l’économie ayant parallèlement contribué à assurer la diffusion du phénomène à d’autres secteurs professionnels comme la banque ou le conseil. Fondée sur une comparaison entre la France et les États-Unis et articulant entretiens, ethnographie et analyse de réseaux, la communication montrera comment le pro bono offre une fenêtre d'observation sur un capitalisme dit « éthique », caractérisé par une stratégie de légitimation fondée sur une prétention des entreprises à participer à la production du bien-être social. Dans ce cadre, la morale n’apparaît pas comme une sphère disjointe du capitalisme que celui-ci aurait à investir pour se faire accepter : la morale est capitalisme
Sylvain Lefevre, Professeur de sciences politiques au département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale (ESG UQAM), et directeur de CRISES (Centre de recherche sur les innovations sociales)
Les intérêts du capital philanthropique. Le cas de la Fondation Mastercard en Afrique
Au milieu des années 2000, lors de son entrée en bourse, Mastercard a créé au Canada sa fondation en lui octroyant 10 % de ses actions. La mission de la Fondation Mastercard est la lutte contre la pauvreté, par l’inclusion financière et la promotion de l’entrepreneuriat en Afrique. Avec plus de 40 milliards de capital en 2021, elle est désormais l’une des plus importantes fondations au monde. C’est aussi le premier actionnaire de l’entreprise Mastercard. A l’intersection du monde économique et du monde philanthropique, cette fondation mobilise les discours et instruments du capitalisme financiarisé, tout en mobilisant des ONG, des organisations internationales, des entreprises privées comme des universités, afin de promouvoir une « croissance inclusive ». Sur la base d’une enquête empirique sur le déploiement de la Fondation Mastercard en Afrique, notre communication analysera les liens entre l’entreprise et sa fondation, afin de mettre en perspective les intérêts croisés du capital philanthropique.
🔗sur inscription auprès de Hein Htet