Le Séminaire Doctoral a le plaisir de vous inviter à une séance dédiée au rapport aux archives, intitulée "Repenser les méthodes en SHS à l'aune d'une réflexion sur l'objet-archives : perspectives multivariées".
Celle-ci se tiendra le vendredi 14 mars 2025 de 14h à 16h à l'IEP de Bordeaux, salle Monnet.
Voici un lien zoom pour suivre la séance à distance : https://scpobx.zoom.us/j/96304095414?pwd=OP4qvKB1SjsND5YcXWTbufpsLAVnBw.1
Depuis le « tournant archivistique » des années 1990, les sciences sociales et humaines, au-delà de la seule discipline historique, ont de plus en plus recours aux archives. Néanmoins, depuis les réflexions classiques sur les archives (Farge, 1989), la définition même de l’archive pose question, tant elle est au coeur des articulations entre savoir et pouvoir : elle est toujours le fruit d’une sélection, d’un tri entre ce qui est considéré comme mémorable et ce qui ne l’est pas. Les archives posent encore davantage question en contexte dit « difficile » où leur accès est contraint, restreint ou compromis. Les méthodes que nous convoquons face aux archives deviennent ainsi centrales pour la réflexivité en sciences sociales tant les pratiques d’accéder, de trier, de catégoriser et d’analyser nos archives influencent nos résultats de recherche.
Cette séance sera donc l’occasion de réfléchir collectivement aux défis et opportunités liés à l'accès aux archives dans le cadre de nos recherches doctorales. Nora El Qadim, Morgane Jouaret et Samuel Noguera aborderont plusieurs enjeux cruciaux qui touchent à la méthodologie et à la problématisation de nos travaux, notamment :
- Une réflexion sur les archives elles-mêmes : qu’est-ce qui constitue une archive ? Quelles sont les articulations, que posent les archives, entre savoir et pouvoir ? Doit-on uniquement les réduire aux archives dites institutionnelles ? Quel impact des archives « non conventionnelles » sur nos pratiques de recherche ?
- La reproblématisation de la thèse en cas d’absence d’accès aux archives : Quels ajustements méthodologiques ou théoriques sont possibles lorsque l’accès à des sources essentielles est restreint ou impossible ?
- Les défis liés aux archives et leur impact sur nos approches et contenus : Comment les contraintes et les spécificités des archives disponibles influencent-elles nos choix théoriques, nos problématiques et la direction générale de la recherche ?
Nora El Qadim est maîtresse de conférences en science politique à l’Université Paris 8, membre de l’Institut Universitaire de France et fellow de l'Institut Convergences Migrations. Elle a travaillé sur les politiques et la diplomatie migratoire. Ses travaux plus récents portent sur les politiques des archives. Nora est également éditrice et éditrice en chef (en rotation) d’International Political Sociology et membre du bureau de l’European International Studies Association.
Sa communication s'intitule « Du « tournant archivistique » à une sociologie politique des archives ». Au cours des trois dernières décennies, les sciences humaines et sociales ont commencé à prendre en compte les archives non plus seulement comme des sources, mais bien comme un objet à part entière de leur analyse. C’est ce qu’il a été convenu d’appeler le « tournant archivistique ». En parallèle, une extension de la définition du terme d’archive a été opérée, à partir de la prise en compte de l’articulation entre archive et pouvoir, entre savoir et pouvoir. Dans cette intervention, je montrerai comment une sociologie des archives est non seulement utile dans un objectif méthodologique (localiser et contextualiser les archives), épistémologique (limites des archives), mais permet aussi de comprendre les logiques qui sous-tendent les archives comme objet politique, tant pour les acteurs publics que privés, dans différents contextes.
Morgane Jouaret est doctorante en sociologie au Centre Émile Durkheim (Université de Bordeaux), ATER à la faculté de sociologie de l'Université de Bordeaux, sous la direction de Lætitia Bucaille et Sophie Duchesne. Sa communication portera sur « Quelles archives pour étudier la décennie noire en Algérie ? ».
Samuel Noguera est doctorant en troisième année de science politique au Centre Emile Durkheim, et en contrat CIFRE aux Archives départementales de la Gironde. Sa thèse porte sur les cahiers de doléances (2018-2019) de la Gironde, mis en place durant la contestation des Gilets jaunes par des engagé·es dans le mouvement, par une association d'élu·es et par l'Etat.
Sa communication s'intitule « Une thèse sur archives depuis les Archives : réflexions sur l’objet et l’institution ». Cette communication propose une réflexion sur la position du politiste au sein de l'institution archivistique. Elle s'intéresse, d'une part, au rôle spécifique d'un chercheur employé par les Archives pour analyser un fonds classé par l'institution et, d'autre part, à la transformation de ce fonds en objet d'étude de science politique, questionnant ainsi les méthodes d’analyse traditionnelles de la discipline et celles propres à l’archivistique.
Bien à vous,
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Pour l'équipe d'organisation du séminaire des doctorant·es CED et LAM
Aya Boubel et Ysé Auque-Pallez